:: II - Terrasse du Couchant ::

Les regards intrigués des passants auraient pu sans doute se poser sur le curieux oiseau vermillon présent dans le creux de la main de l’homme au regard violet ou sur la jeune femme qui s’était évanouie si le portail de Ténèbres n’avait pas attiré l’attention de tous ceux présents dans les environs. Surgissant du sol et prenant une forme ovale d’une hauteur d’homme, les Ténèbres apparaissant brutalement devant les deux hommes et la jeune fille inconsciente firent fuir les citoyens les moins courageux, qui détalèrent comme des lapins à la vue du phénomène qu’ils reconnaissaient si bien, ce phénomène qui présageait souvent de la venue de l’un de ceux qui menaçaient cette Cité, un membre de l’Organisation XIII. Une silhouette vêtu d’un manteau noir surgit effectivement du portail de Ténèbres, qui se disparut après la sortie du Simili dont le visage était dissimulé, retournant dans le sol et se dissipant peu à peu. Les bras le long du corps, ses jambes ayant cessé de le porter vers l’avant, l’être dénué de cœur posa son regard ambré sur ceux qui étaient présents en ces lieux. Les citoyens ordinaires qui ne s’étaient pas enfuis à la vue du portail de Ténèbres commencèrent eux aussi à tourner les talons et à fuir comme si la mort en personne était apparue devant eux, tandis que les plus téméraires reculaient craintivement sans pour autant prendre les jambes à leur cou, attendant de voir quelles seraient les actions du membre du XIIIeme Ordre. Celui-ci n’avait pas fait une telle entrée en matière dans le but de rester discret, au contraire. Plus de tapage il ferait, mieux cela serait. Son regard ambré se posa ensuite sur les deux hommes accompagnant une jeune fille évanouie, qui ne s’étaient pas encore sauvés de là, alors que le portail de Ténèbres était apparu à seulement quelques mètres d’eux. L’être dénué de cœur dénota la présence de l’épée ornée d’un blason qui lui était inconnu, ainsi que les protections primaires en fer qu’arborait celui qui était le plus proche de lui, et qui tenait dans le creux de l’une de ses mains un oisillon couleur vermillon. Peu de citoyens arboraient délibérément des armes, car ils n’avaient en aucun cas suivi la vocation du combat, la Cité du Crépuscule étant à la base un monde paisible n’ayant à craindre aucune menace. Si celui qui se tenait à quelques mètres de lui portait une arme à sa ceinture, ce n’était sûrement pas pour faire joli, puisque les gens du coin ne considéraient pas vraiment une épée comme de la frime. Ceux qui tenaient une lame dans cette Cité étaient ceux qui étaient soit décidé à la défendre, soit ceux qui venaient d’y arriver, en provenance directe d’un autre monde et ne connaissant pas les mœurs de la Cité du Crépuscule. Et ceux qui venaient d’un autre monde et qui arboraient des armes étaient généralement meilleurs combattants que tous les gens originaires de la Cité.

Sans un mot, le Simili au visage dissimulé détailla le jeune homme qui était le plus proche de lui. Hormis son épée, son gantelet et son épaulière, rien ne donnait vraiment l’impression que l’on se tenait face à un guerrier. Le jeunot était certes grand, mais il ne dégageait en rien le charisme propre à ceux qui baignent dans la puissance. Mais là, peut-être qu’il ne s’agissait que des apparences. Son visage aux traits fins ne laissaient pas non plus soupçonner la présence d’un esprit de grand guerrier en son sein, et ses yeux et cheveux violets étaient plus une marque d’étrangeté qu’autre chose. Mais après tant d’années d’expérience, le Simili savait qu’il ne fallait pas se fier aux apparences. Son regard ambré glissa vers la jeune fille inconsciente, portée par le second jeunot, dont semblait se préoccuper à moitié le jeune homme au regard améthyste lorsqu’il avait surgi de son passage de Ténèbres. Arborant une longue chevelure châtain clair, ses iris demeuraient invisible à la vue du Simili puisque la jeune fille avait fermé les yeux avant de sombrer dans ce qui semblait être de l’inconscience, dont l’être dénué de cœur ignorait l’origine. Vêtue de manière assez simple – veste blanche sur une robe de couleur rouge – celle-là semblait plus correspondre aux critères d’une citoyenne normale de la Cité, puisqu’elle n’avait ni une carrure de guerrière, ni d’arme prête à être utilisée contre quiconque attenterait à sa vie. D’ailleurs, quiconque la regardait ignorait si elle était originaire ou non de la Cité du Crépuscule. Mais le fait qu’elle soit évanouie et accompagnée par l’homme au regard améthyste venant d’un autre monde était plus ou moins étrange. Etait-elle une citoyenne qui s’était proposée comme guide touristique auprès de l’étranger ? Quant au dernier du trio… Lui aussi, on ne pouvait dire par son apparence s’il était ou non originaire de la Cité du Crépuscule. Vêtu d’une veste et d’un jean banals – pour les gens de la Cité – le jeune homme aux cheveux noirs de jais n’avait pas plus l’apparence d’un guerrier que la jeune femme brune évanouie sur le sol. Cependant, il semblait que sa réaction, comme celle de son semblable aux cheveux violets ne soit pas aussi spontanée que celle des citoyens qui s’étaient enfuis sans dire leur reste devant le membre du XIIIeme Ordre, qui, pour le moment, ne faisait preuve d’aucune hostilité envers quiconque en ce lieu.