:: Salle Vierge ::

Le meilleur endroit pour trouver Axel, ou dans le cas échant, le Savant Glacial, n’était pas l’endroit où aurait pu exactement se trouver l’un des deux Similis, bien qu’il y ait de fortes chances que Vexen traîne du côté de la Salle des Ombres – mais de toute façon, ce n’était pas le membre qu’il cherchait en priorité – était – ouf, voici la fin de la phrase… - la Salle Vierge, pas tellement vierge que cela puisqu’en son centre trônait une sphère de cristal donnant la possibilité aux membres du XIIIeme Ordre de voir ce qu’il se passait dans les différents endroits du Manoir Oblivion, dans lequel Saïx ne mettait pas si souvent les pieds que cela. Chercher le Numéro VIII en se déplaçant de salle en salle alors que se trouvait le moyen de le faire sans bouger trop de fois et surtout en ayant moins de chances de louper le membre recherché aurait été stupide. Ainsi, le vortex qui s’ouvrit dans la Salle Vierge ne le fut pas non pas parce que le Devin Lunaire s’était mis au véritable art de la divination, mais plutôt par recherche de moyens pratiques. Le Numéro VII ignorait que son semblable aux cheveux de feu se trouvait déjà en ces lieux, et ce précisément… Et lorsqu’il émergea de son passage de Ténèbres, le Simili au visage découvert et caractérisé par sa cicatrice cruciforme ne vit pas la nécessité immédiate que de s’avancer vers la boule de cristal trônant au centre de la pièce puisque celui qu’il recherchait se tenait là, debout sur le sol d’un blanc immaculé. Et le plus intéressant à propos de celui-ci était qu’il était en position de garde, comme s’il allait affronter quelqu’un qui s’était défilé, ou qui était mort. La plus probable des hypothèses était que la Rafale des Flammes Dansantes avait fini de faire son ménage dans le Manoir par cette Salle, car il n’y avait aucune autre raison pour que le Numéro VIII soit dans une telle position si il n’y avait aucune menace présente dans la salle. Le Devin fit quelques pas, avançant à la fois vers la boule de cristal et vers le Numéro VIII de l’Ordre. Avant que celui-ci n’apprenne quoi que ce soit à propos de Roxas, il fallait d’abord qu’il ait conscience de son appartenance à l’Organisation… et ainsi du prix à payer si il suivait l’exemple du traître qui s’était révélé parmi les rangs des Similis.

On attaquait en… douceur. Oui, pour le Numéro VII, y aller en douceur avec les anciens traîtres de l’Ordre se faisait de cette manière, enfin, pour cette fois-ci, car les mots étaient autant des armes pour le Devin Lunaire que sa Claymore… Mais cela signifiait aussi que ce n’était que le début des choses, et que le pire restait à venir, et non pas pour le Simili aux cheveux bleus – lui, il s’en fichait – mais pour son homologue aux yeux émeraudes, qui avait déjà par le passé subi les réprimandes et les rappels inlassables de Saïx. Cette fois ne ferait pas exception, car il était du devoir du Numéro VII de maintenir l’ordre dans ce qui était, après tout, un Ordre. Un Ordre qui serait le seul à vaincre, un Ordre qui atteindrait ses objectifs en éliminant toutes les gênes possibles et imaginables, même les traîtres. Et en particulier les traîtres, en fait. Déjà par le passé Axel avait été chargé de régler son compte à un traître, mais il avait failli, et trahi à son tour… Referait-il la même erreur ? L’Ordre ne laisserait pas une telle chose se reproduire, et si quelqu’un devait chasser le traître, ce n’était pas celui qui était susceptible d’en devenir un.

Ca, c’était la partie concernant les ordres de Xemnas, le Supérieur. Sachant que le ‘souhaite’ sous-entendait un ‘ordonne’, mais cela, chaque membre de l’Organisation le savait, et plus particulièrement Axel, qui avait le choix entre la trahison et le rachat de ses actes passés en montrant une loyauté sans failles au Supérieur, et ainsi, une obéissance aux ordres. Le comportement du Numéro VIII durant la dernière réunion qui avait eu lieu à la Forteresse laissait à désirer, aussi s’il souhaitait réellement se racheter aux yeux de ses supérieurs, il se devait d’obéir. Sinon, la trahison était le seul choix possible, et de ce fait, l’Ordre serait aussi impitoyable envers lui qu’envers Roxas, pour qui il était trop tard. Finalement, la pensée – puisqu’il ne restait que celui aux êtres non-existants – du Numéro XIII n’avait pas changé depuis la première confrontation avec les citoyens de la Cité… Restait à présent la partie ‘mise en garde’ :

Et la remarque était tout aussi bien valable pour Roxas que pour un autre être non-existant…

Le nom d’antan aurait-il fait réagir le Simili à la chevelure flamboyante ? Qui sait, Saïx n’était pas présent dans les pensées de son semblable non-existant, aussi manipulateur soit-il. Toutefois, le Devin Lunaire avait sciemment employé ce nom porté par l’humain du Numéro VIII, un nom que la Rafale des Flammes Dansantes ne devait pas oublier, pas plus que les autres membres de l’Ordre. Aucun d’entre eux ne devaient laisser tomber dans l’oubli ces noms qui avaient autrefois été les leurs, car un jour, ils leur reviendraient. C’était une manière de se rappeler que l’objectif de l’Ordre était loin d’être atteint, mais aussi que cet objectif était plus important que n’importe quel autre désir illusoire. Car tout était illusoire, excepté cet objectif… Ces noms réels n’étaient-ils donc qu’un simple moyen de rappeler aux Similis la réalité à laquelle ils étaient confrontés ? Oui, et non… Quelque chose de bien plus intime liait chacun des Simili à son ancienne identité et à son ancien nom, mais le Numéro VII se refusait de creuser cette idée puisqu’il était possible qu’elle entre en contradiction avec ses croyances. Ceci dit, les mots étant des armes, le Devin Lunaire n’hésitait pas les utiliser tout en connaissant leur effet afin de mieux atteindre ses interlocuteurs, voire même de mieux les blesser. Pour lui, les mots ne pouvaient apporter que deux choses : l’information, ou la blessure. Y compris envers ses semblables, comme il venait de le faire si bien. Après tout, seul l’intérêt pour le Kingdom Hearts comptait, et il était chimérique que de croire qu’une quelconque camaraderie pouvait se former dans une communauté d’être dénués de cœurs. Ils n’étaient soudés que par leur unique et commun désir de redevenir humains, ni plus ni moins. Et si cela devait être rappelé à quelqu’un, c’était bien au Numéro VIII qui avait entretenu par le passé une relation chimérique avec le traître de l’Ordre, une pâle imitation de l’amitié qui pouvait lier les êtres humains qu’ils n’étaient pas. Oui, ce n’était rien d’autre qu’une pâle imitation… Si Roxas était resté aussi manipulable que lors de son entrée dans l’Ordre, tout aurait été bien meilleur… Le Numéro VII chassa cette pensée de son esprit. Les regrets sur le passé appartenaient aux humains, le seul que les Similis possédaient étant celui de ne plus avoir de cœur. A présent, le passé servait à ne plus commettre les erreurs commises autrefois, et à manipuler les sentiments humains dont il gardait bon souvenir.

Et uniquement un souvenir. Le Devin Lunaire ne montra rien de sa surprise en constatant que la réaction de son semblable à la chevelure flamboyante s’était limitée à une écoute attentive et qu’aucune réaction violente ou autre n’avait été suscitée par l’évocation de Roxas en tant que traître à l’Ordre. Le Numéro VIII avait-il enfin compris ce que Simili signifiait ? Saïx en doutait, puisque même si Axel était un Simili, il ne changerait pas non plus du jour au lendemain, d’où la méfiance qu’il manifestait toujours envers le Simili au regard émeraude. L’autre possibilité était donc que le Numéro VIII ait déjà été au courant de la trahison de Roxas avant même que le Devin Lunaire ne mette les pieds dans la Salle Vierge. Après tout… Le regard ambré du Devin Lunaire se posa sur la boule de cristal qui ne montrait plus la même image qu’auparavant, soit l’une des salles blanches et vides du Manoir. Non, à présent, la boule de cristal montrait aux yeux du Simili une salle assez particulière du Manoir, en principe assez peu visitée, la Salle Close. Après tout, lorsque personne ne l’occupait, il n’y avait aucun raison pour que les membres de l’Ordre y passent leur temps… Mais normalement, devaient se trouver deux personnes en ces lieux, une jeune fille ramenée de la Cité par Larxene et… Kairi. La jeune fille rousse qui avait joué un rôle central dans l’un des précédents plans du Numéro VII et qui pouvait éventuellement être utilisée à nouveau, puisqu’une Princesse de cœur n’était pas une personne inutile. Mais pour le moment, ce n’était pas le cœur du problème, sans mauvais jeux de mots. La boule de cristal ne montrait pas à Saïx les deux jeunes filles qui devaient normalement se trouver dans la Salle Close, mais quatre personne, dont les deux évoquées précédemment. Mais les deux individus supplémentaires n’étaient pas des membres de l’Ordre. Ou presque. L’un d’entre eux était vêtu de la veste en cuir caractéristique des Simili de l’Organisation, mais la petite carrure ne fit pas hésiter longtemps le Devin Lunaire pour poser un nom sur cette personne. Ce n’était définitivement pas un membre de l’Ordre. Il ne s’agissait que d’un traître. Celui qui portait la Keyblade sans en être réellement l’Elu. Celui qui par deux fois avait trahi, et qui ne pourrait revenir auprès de ses semblables. Roxas n’était désormais plus qu’une gêne pour l’Organisation XIII. Ou, si l’on exploitait correctement l’idée, un outil. Mais rien de plus. A son côté se tenait une jeune homme roux, humain. Un citoyen, sûrement, l’un de ceux évoqué par Larxene lorsqu’elle avait informé Saïx de la trahison qui avait eu lieu. Où était donc passé le second ? Mystère. Dans tous les cas, les deux fugitifs ne devaient pas être présents dans la Salle Close histoire de boire une tasse de thé, et en suivant le mode de pensée de Roxas, il était fort probable qu’il cherche à libérer les deux captives qui étaient présentes en ce lieu. Sans répondre à la question d’Axel, le Devin Lunaire s’apprêta à ouvrir un vortex de Ténèbres qui l’aurait conduit à la Salle Close afin d’empêcher la Clef du Destin de nuire à l’Ordre.

Mais il y renonça lorsque le cadet des XIII disparut avant lui dans un passage de Ténèbres, dans une direction inconnue. Il avait cependant agi seul, mais fut suivi par le citoyen, qui au lieu de suivre le Simili dans son passage en créa un autre de ses propres moyens. Un passage néanmoins différent de celui utilisé par les Similis, un passage composé de lumière pure. Et quelques instants plus tard, plus aucun des quatre individus ne se trouvait dans la Salle Close. Sa main gantée toujours posée sur la sphère de cristal, le Simili aux cheveux bleutés ferma les yeux pendant un bref instant, remettant avec efficacité et rapidité ses idées en place. Rattraper Roxas, le citoyen et les deux jeunes filles était maintenant impossible, puisqu’il ignorait tout de la destination de ces quatre-là. Enfin, presque tout. A un moment ou à un autre, il était fort probable que le traître et sa clique se dirige vers la Cité du Crépuscule, puisqu’ils ne pouvaient rester dans le domaine de l’Ordre trop longtemps. Il était donc vain d’essayer de leur courir après ; mieux valait les attendre à leur destination finale. Il était clair que l’un de leurs objectifs était d’aider Twilight, puisque Roxas avait dû mettre au courant les trois autres sur les intentions de Marluxia et de Xaldin – et éventuellement Saïx, dont il ignorait la présence au Manoir. Ah oui, il devait toujours répondre à Axel, qui visiblement attendait des ordres précis et à suivre à la lettre – effrayé de l’insubordination maintenant ? Cependant, sa question en était presque stupide. Où il devait aller ? Chez le Père Noël bien sûr ! Mais nan, y’avait quand même pas trente six solutions : la Cité du Crépuscule, la Cité du Crépuscule et… la Cité du Crépuscule, surprise. Le Devin Lunaire n’avait pas sur lui un traceur pour le Supérieur de l’Ordre afin de le retrouver quand nécessaire. On jugeait les membres de l’Ordre assez grands pour se débrouiller tout seul, quand même… Enfin bon, l’agacement, c’était bon pour les humains. Pas pour Saïx.